Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
graphomane
21 décembre 2005

Déprime à bord

Déprime à bord. Jour  moins froid, la nuit vient rapidement, le ciel et les édifices parisiens, quelque chose de beau et inutile. Là, traversant le pont, je pense à ses yeux verts, je voudrais pas être seul. Je voudrais quelque chose, une chaleur dans le ventre, un réchauffement à l'intérieur, une main à étreindre, des lèvres qui chuchotent dans les oreilles, quelqu'un qui tient à moi, me le dise enfin. Mais non, c'est le pont, mes pas perdus, du bitume et des édifices publics, des passants et la Seine. Seulement cette esquisse qui se dessine dans le vide, plus douloureuse qu'apaisante, un manque. Une mélancolie passagère aussi, l'habitude des femmes qui ne s'arrêtent pas. Le durcissement des sentiments recroquevillés, une sphère roide sous laquelle se trouve la tourmente, un magma d'amour, de tendresse, d'énervement, de cris, de foutre, de larmes, d'attachement, déchirement. Un liquide qui attend de se répandre.

                                                                     .

Le pont est passé, une bouche de métro et  la fatigue, les agressifs pardon je passe, bouscules-moi connard, et cette absence recouverte par le bruit strident du transport, temps sans temps, hors temps, gens impassibles et ailleurs. Têtes de félés, tronches aspirées par l'épuisement, yeux exorbités d'une connerie malsaine où papillotent des prix en solde, absence partout.

                                                                     .

Une jeune fille dort, elle est belle, des lèvres bien remplies et des grands yeux fermés, elle rêve quelque chose de moins triste. Et puis elle les ouvre et son regard se charge de hargne, de désenchantement ou d'agacement, ils sont vitrifiés de veines rouges. Elle n'est plus belle. Mes oreilles éclatent à nouveau du grincement des roues de fer sur les rails. Le décorum high-tech ne change rien à l'affaire, c'est bien du fer qui crisse, les vitres, le plastic et les sièges nouveaux n'enraillent rien. Peut-être un suicide au bout du couloir, à la fin de la rame, de mon trajet. Non, c'est un autre, pas encore moi déchiqueté, interrompant  la machine quelques minutes, le temps de récupérer les morceaux, quelques uns en tout cas, remplir un sac poubelle et un dossier administratif. Un nouveau dossier, le dernier. Ce n'est pas encore moi, alors le douleur continue, l'ennui, l'espoir, le dégoût, tout cela encore un jour. Un jour pour rien, hier demain. Je t'aime peut-être, mais c'est trop tard, tout est passé, lessivé, reste rien à partager. Un métro à passer, c'est tout.

Publicité
Commentaires
graphomane
Publicité
Publicité